Be water my friend
Back in the days, lors des journées chaudes et humides d’été, je me souviens de passer de nombreuses heures dans la piscine de la maison de mes parents avec le coucher du soleil. Je m’amusais à créer des tourbillons dans l’eau chlorée 80 degrés pour ensuite essayer de nager tel un saumon à contre courant. C’est lui qui gagnait toujours. Je me laissais donc dériver sur une vieille nouille jaune qui s’effilochait sur mon dos, en contemplant le ciel étoilé qui s’installait délicatement sous mes yeux. À la fois incessant et rassurant, le brui des criquets et du filtreur agissaient comme un métronome. Je ne le réalisais pas à l’époque, mais ces doux moments m’aidaient à remettre mes pendules à l’heure. Je terminais religieusement chacune de mes baignades en ramassant un bol de framboises dans le jardin familial. Je pimpais mes baies avec un sandwich à la crème glacée et je m’installais confortablement sur le futon rétro (il ne l’était pas à l’époque) du salon. J’appuyais sur play pour plonger dans mon univers préféré, celui de Bruce Lee. Je ne saisissais pas encore l’impact de cette phrase fétiche qui résonne profondément encore en moi aujourd’hui, plus de deux décennies plus tard.
Cette phrase, sans le savoir, allait me suivre et devenir un mantra pour mon style de vie. Je suis, depuis, à la recherche de mon équilibre idéal. En m’inspirant du mouvement des éléments de la nature, me voilà connecté à la source, ce qui régule le flow de ma vie.
Fun fact, ça me prend toujours une nouille pour rester à la surface de l’eau, sans elle, je ne flotte pas, je coule comme une roche.
Je me souviens de la sensation réconfortante du soleil chaud du New Jersey sur mon visage. J’arrive encore à humer l’odeur soufrée du bord de mer mélangée à la celle de la crème solaire appliquée sommairement sur ma peau: un vrai parfum de liberté.
À 18 ans, comme tout bon jeune adulte qui cherche la bonne façon de nager dans la vie, j’ai pensé devenir arpenteur. Une future job steadé, un horaire qui me permet de poursuivre le sport… je croyais avoir trouvé la recette du bonheur.
Cette fois cependant, aucun bruit de filtreur, de criquets ni de mousse qui crépite au loin. Quelque chose ne tournait pas rond. Et pour cause, j’ai obtenu un premier rapport de stage catastrophique.
Bye bye l’ego, allo prise de conscience.
L’eau bouillait en moi, il fallait que quelque chose change. Que je me remette en mouvement naturellement. J’ai eu la chance de faire la rencontre d’un vieux marin (l’orienteur du CÉGEP que je fréquentais), qui souhaitait guider un jeune homme comme moi une dernière fois avant de quitter le port vers la retraite. Cette rencontre a changé ma vie. J’avais rencontré mon Hip Man (le mentor de Bruce Lee).
Pour lui, c’était clair: je devais me tourner vers le domaine de la santé et du mouvement. Bye bye la technique en géomatique, j’étais back on track.
Peu de temps après, je me suis inscrit aux essais dans l’équipe de natation avec un bon ami poisson.. Nous ne savions même pas nager. On était en forme, mais on coulait comme des roches. Deux roches parmi une bande de merlins bleus qui avaient plus de 10 ans de compétition derrière le Speedo. C’est en cotoyant ces gens que j’ai appris qu’être comme l’eau, c’est aussi d’accepter sa vulnérabilité et de se laisser guider. J’ai accepté de commencer à la base. Même si mon corps était raide et coulait sans cesse, mon esprit avait recommencé à flotter. C’est donc dans une piscine chlorée de Ahuntsic que j’ai appris à nager comme un saumon de l’Atlantique.
Be water, my friend.
Si l’eau chloré m’avait permis de bien apprendre à nager, je rêvais d’eau saline… et de surf.
J’étais inspiré par le jeune surfeur californien Jay Moriarity. un jeune garçon de Santa Cruz qui a appris à surfer l’une des plus grosse vague de la planète à un très jeune âge.
J’étais inspiré par le jeune surfeur californien Jay Moriarity. un jeune garçon de Santa Cruz qui a appris à surfer l’une des plus grosse vague de la planète à un très jeune âge.
N’en fallait pas plus pour qu’on s’inscrive, un pote et moi, à un cours d’initiation à Wells Beach dans le Maine. Enivrés par l’idée de s’initier au surf, nous avions complètement oublié que la saison des ouragans battait son plein.
On a passé la saison des ouragans là-bas à guetter les belles vagues, se mettre à l’abri quand les éléments se déchainaient. À trouver notre équilibre dans nos mouvements.
Et depuis ce temps, je suis constamment en attente de mon prochain voyage de surf.
Pendant mes études en kinésiologie, j’ai dû espacer mes escapades vers l’océan. Je ne m’en rendais pas compte à l’époque, mais ça créé un déséquilibre dans ma vie, comme un poisson qu’on enferme subitement dans un bocal.
Chaque escapade était une saucette dans la béatitude et les retours à la maison se faisaient à contre courant. Les retours au quotidien me donnaient l’impression de stagner, de m’immobiliser. Je perdais mon équilibre.
J’étais de retour à la case départ. Je devais attendre mes voyages de surf pour retrouver le bien-être que j’éprouve quand je fais du surf. La pandémie a mis une halte assez sévère sur mes escapades dans la mer. À l’époque, les seules vagues qui faisaient parti de notre quotidien, c’étaient celles qui montraient l’évolution épidémiologique de la COVID-19.
Bref, la vie est loin d’être un long fleuve tranquille. Tantôt une rivière sinueuse, tantôt une mer agitée, elle nous confronte à des pertes d’équilibre. Pour éviter d’être emporter par le courant, il faut trouver son mouvement naturel en harmonie avec la nature (la marche, la nage, le jogging, la randonnée pédestre, le vélo ou les sports d’équipe) pour maintenir l’équilibre physique-mentale au travers chacune des saisons de notre vie et de leur lot d’intempéries.
En attendant les prochaines vagues, y’a la piscine hors terre à 80 fahraneith de ma belle-mère disponible à un pâté de maisons. En bonus, elle a des plants de framboises dans le jardin et toujours quelques sandwich à la crème glacé dans le congelo.
What a life.
Nick, le poisson dans l’eau